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Vidéos du Centre de Fauconnerie:
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Article
paru dans le journal Le Soleil le 8 août 2004
|
Profession
: Fauconnier
par: Marc St-Pierre, Le Soleil
08/08/2004 |
Le
Soleil, Clément Thibeault |
Pour Dan Paradis, l’affaitage des rapaces est plus qu’une
occupation : c’est une façon d’être
en symbiose avec l’environnement
Dan Paradis, de Saint-Narcisse-de-Beaurivage, entretient une
relation aussi vieille que l’humanité avec les
oiseaux de proie. Il est fauconnier par conviction et par
amour. Ses rapaces le lui rendent bien et suivent ses instructions
au doigt et à l’œil.
À l’époque médiévale, Dan
Paradis, de Saint-Narcisse-de-Beaurivage, dans la rurale Lotbinière,
aurait eu sa place à la cour des rois d’Europe
ou des empereurs du Japon. Sa présence aux côtés
d’un calife, voire d’un conquérant mongol,
n’aurait pas été incongrue non plus.
En
d’autres temps, peut-être bien aussi qu’il
aurait été un nomade libre des steppes ou du
désert qui chasse pour nourrir sa famille.
Paradis,
33 ans, pratique un des plus anciens métiers du monde.
Il est fauconnier et, à ce titre, élève
et affaite, c’est-à-dire entraîne, des
faucons et autres oiseaux de proie chasseurs à son
Centre de fauconnerie traditionnelle du Québec.
«
La fauconnerie, il y a des fois où je pense que je
suis venu au monde avec », indique-t-il avec un sourire
dans la voix, à l’occasion d’une entrevue
accordée au SOLEIL.
«
Plus sérieusement, je dirais que j’ai été
élevé dans un milieu ou la chasse et la nature
étaient des choses très importantes. J’imagine
un bon jour qu’un membre de ma famille m’a désigné
un oiseau de proie évoluant dans son milieu naturel
et que ses explications m’ont accroché. Déjà,
à neuf ans, je démontrais un intérêt
certain pour eux et, à 14, je faisais mes premières
armes en affaitage. Depuis ce temps, depuis 19 ans, je poursuis
ma quête », ajoute-t-il.
Parce
que la fauconnerie n’implique rien de moins qu’une
quête, dans l’esprit de M. Paradis. Tôt
dans l’histoire et pendant des siècles, avant
l’invention de la poudre à fusil, les rois s’en
sont universellement diverti, ce qui en ferait le sport le
plus ancien du monde. Jusqu’à l’Aztèque
Montezuma, dans le Nouveau Monde, qui avait ses fauconneries.
Mais
bien avant les jeux des puissants, il y a eu les chasses de
subsistance d’hommes de la préhistoire qui ont
exploité la dextérité des oiseaux de
proie. « Les faucons ont toujours fasciné l’homme.
Les premiers contacts se sont probablement produits quand
des hommes de Neandertal ou de Cro-Magnon ont entrepris de
dérober le gibier que les oiseaux de proie capturaient.
Ç’a probablement été le premier
acte de fauconnerie. Il n’y a pas de confirmation, mais
le temps a fait son œuvre et la fauconnerie existait
déjà à l’évidence 2000 ans,
ou probablement 4000 ans, avant Jésus-Christ. Le plus
plausible, c’est que ce sont des paysans asiatiques
qui l’ont inventée, dans le but d’attraper
du gibier pour se nourrir. Les oiseaux de proie ont même
été utilisés avant le cheval »,
explique à grands traits le fauconnier de Saint-Narcisse.
Harmonie
«
L’histoire n’a pas retenu les chasses de ces paysans
comme celles des puissants. Mais ces chasseurs étaient
pas mal plus en harmonie avec leur milieu. Ils utilisaient
à leur profit les techniques de chasse de l’oiseau
lui-même, qui chassait déjà son gibier
coutumier, dans son propre environnement », ajoute-t-il.
C’est
notamment cette symbiose avec l’environnement que le
maître du Centre de fauconnerie traditionnelle de Saint-Narcisse
a en tête quand il poursuit sa quête de l’affaitage.
En attendant que l’État adopte des lois qui le
permettront, ce sont des oiseaux de sept espèces différentes
qu’il entraîne pour la chasse, entre autres des
autours des palombes, des buses de Harris ou à queue
rousse, des faucons sacres et des gerfauts. Des oiseaux au
regard altier provenant de tous les horizons du monde, tous
armés d’ailes rapides et de fortes serres.
«
La fauconnerie, c’est 20 % de science et 80 % d’art
», souligne spontanément M. Paradis, notant que
personne ne peut s’improviser fauconnier, ne serait-ce
qu’il faut apprendre à « lire » le
rapace, lui enseigner à passer du perchoir au poing,
calibrer sa nourriture et lui donner la beccade, évaluer
son poids idéal de vol, comprendre ses limites, ses
qualités intrinsèques, sa « voie naturelle
», etc.
Et
pour le fauconnier de Saint-Narcisse, il est exclu et impensable
de soutirer à son milieu un prédateur essentiel,
et les « braconniers » qui captureraient des oiseaux
sauvages sont des « bandits ». Comme c’est
d’ailleurs la règle d’airain dans la profession,
les oiseaux qui prennent place dans ses volières du
Chemin Iberville sont tous de génération F-2,
c’est-à-dire qu’ils répondent tout
à fait aux exigences de la Convention sur la commercialisation
des espèces menacées, en ce sens qu’ils
sont nés en captivité et y compris leurs parents
avant eux. D’ailleurs, chez Paradis, cinq espèces
d’oiseaux de proie se reproduisent, qui sont destinés
à des fauconniers d’ici et d’autres fauconneries
à travers le monde !
«
La fauconnerie, c’est des connaissances dans un tas
de choses », observe-t-il.
Des
formations
De
son savoir, Dan Paradis ne s’en fait pas avare, qui
dispense des cours à ceux que l’amour des oiseaux
de proie et de la chasse porteraient à une rencontre
de troisième type avec un rapace. « Depuis un
an et demi, le Centre de fauconnerie traditionnelle a formé
quinze élèves. Des gens de Chicoutimi, de Percé,
de l’Outaouais, des quatre coins du Québec, sont
venus chez nous. Certains d’entre eux voulaient simplement
en connaître davantage sur les oiseaux de proie. Pour
d’autres, la motivation était réellement
la chasse », dit-il.
«
J’ai également eu comme élève une
Belge qui se destinait au spectacle. Depuis, elle a été
embauchée dans un grand parc d’attraction de
chez elle », précise-t-il.
À
ces formations, de niveaux apprenti ou carrément international,
l’élève est amené à intégrer
des notions théoriques, mais s’exerce aussi sur
le terrain, jusqu’à livrer son oiseau au vol
libre et à la chasse sur leurre, y compris à
l’usage des jets, grelots, longes, chaperons et autre
équipement de la panoplie de la fauconnerie.
«
Ce sont des équipements qui ont été développés
au fil de 4000 ans de fauconnerie », souligne M. Paradis
avec une nuance de respect dans le propos.
«
Ce que j’enseigne, ce sont les règles de l’art
de la fauconnerie, selon la méthode traditionnelle.
C’est la voie la plus sûre pour la sécurité
des oiseaux », reprend-t-il, faisant allusion au doigté
dont doivent obligatoirement faire preuve les affaiteurs.
À
ces cours du Centre de fauconnerie s’ajoute le parrainage,
c’est-à-dire que le maître du centre de
fauconnerie accompagnera le cas échéant un apprenti
qui souhaite raffiner ses techniques ou qui rencontre des
difficultés d’affaitage particulières.
« C’est le service après vente »,
observe-t-il avec un sourire en coin.
M.
Paradis ne se privera pas non plus de se faire éducateur
populaire, histoire de démystifier le monde des rapaces,
par exemple en participant à l’occasion à
des festivals ou en se rendant dans des écoles.
«
Le centre est en développement. Eventuellement, des
hiboux et des aigles se joindront à l’escadrille
et seront entraînés justement pour des spectacles
», révèle-t-il.
Dans
son propos, il est néanmoins clair que le grand objectif
du centre de Saint-Narcisse est de « transmettre la
fauconnerie traditionnelle ». Et moins celle des rois
et de leurs spectaculaires équipages, comprenant chevaux
et chiens, que celle du chasseur des premiers âges en
lien total avec son milieu naturel.
«
Le but du centre, c’est de faire connaître aux
gens cette chasse très écologique, de leur faire
découvrir le contact privilégié que permet
la fauconnerie avec la nature, le respect et l’harmonie
qui l’accompagnent. La fauconnerie, c’est un mode
de vie », résume-t-il.
par:
Marc St-Pierre, Le Soleil
07/08/2004
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